Simca Aronde Océane 1960, retour vers le passé

Simca Aronde Océane 1960, retour vers le passé

1960, j’avais huit ans, et je n’imaginais pas que cette voiture rouge allait marquer ma mémoire.

L’été 60 promettait d’être chaud, Johnny Hallyday chante « Souvenirs, Souvenirs », Dany Logan et les Pirates passent à l’Olympia, sortie du premier disque des Chaussettes Noires chez Barclay et pour les grandes vacances, mes parents me propose de descendre dans le sud de la France pour rejoindre des amis de la famille. Immédiatement j’accepte et le rendez-vous est pris. Quelques jours plus tard, rendez-vous devant l’immeuble où j’habitais à Paris, et après une courte attente, je vois arriver au coin de la rue une étonnante voiture de couleur rouge sans toit. Pour moi ce fût une hallucination, j’allais partir en vacances dans une voiture de sport, une vraie, pas une miniature !

J’étais émerveillé, son tableau de bord avec son grand compteur, son pare-brise de forme bizarre, ses grands siéges et son énorme volant. Une question pourtant restait sans réponse, mais où est le toit ? Après un sourire moqueur, mon pilote m’indique la cachette, c’était derrière l’habitacle, caché dans la carrosserie. Après un rapide au revoir, direction le Sud pour deux jours de route et de vrai bonheur.

L’automobile était le symbole de la liberté. Peu d’autoroute, (1960 : l’autoroute du Sud ouvre entre Paris et Le Coudray-Montceaux (34 km), une nationale 7 pas encore devenue légendaire, mais déjà très embouteillée. A chaque arrêt dans une station-service, on était des stars, attroupements, questions : c’est quoi cette voiture, vous venez de loin ? Quoi de Paris ! Pas la peine de vous dire que ces vacances resteront gravées dans ma mémoire.

Mais toute bonne chose a une fin, c’est en train que je rentre à Paris. Petit à petit, l’Océane de mon enfance disparaît de mes souvenirs, mais je suis rentré de pleins pieds dans le style « Sixties ». Avec les copains on joue « Route 66 » sur des guitares à deux balles, la Caravelle détrôna l’Océane, et la vie continue…

46 ans plus tard, au hasard d’un rendez-vous porte Maillot à Paris, le passé de mon enfance me rattrape. Bien garée le long du trottoir, elle est là, toujours rouge, comme si nous avions pris rendez-vous pour partager ensemble nos souvenirs communs. Je m’approche, je la touche, la regarde. Plusieurs minutes passent, je suis en retard à mon rendez-vous, mais je n’arrive pas à l’abandonner à nouveau. Et là, tout s’accélère. Un monsieur sort du restaurant, il avait remarqué mon intérêt pour la sportive et me lance : « elle vous intéresse, elle est à vendre. Immédiatement, sans réfléchir, je lui lance un énorme « oui ».

Seul problème, l’homme attendait un acheteur qui était en retard. Je lui demande le prix, je lui fais un chèque et je lui dis : si votre acheteur ne vient pas, vous encaissez mon chèque et on se revoit pour faire les papiers. Très surpris par ma proposition, l’homme me demande pourquoi je tiens tellement à cette voiture, et après lui avoir conter mon histoire, il décide de me vendre l’Océane et temps pis pour le retardataire. Il encaissa mon chèque et quelques jours plus tard j’étais propriétaire de la voiture de sport de mes 8 ans, la vraie, pas une miniature.

Texte et Photos Cyril de Plater

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