LINCOLN CONTINENTAL – JOHN KENNEDY

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Dans l’histoire des voitures présidentielles américaines, celle qui reste toutefois la plus connue du public, de l’époque comme d’aujourd’hui, est certainement la Lincoln Continental commandée par le nouveau président, John Fitzgerald Kennedy (1917 – 1963, président de 1961 à sa mort), lors de son entrée en fonction à la Maison-Blanche en 1961. Destinée à remplacer la Cosmopolitan « Bubble-top » utilisée par ses prédécesseurs, cette imposante limousine transformable réalisée par le carrossier Heiss & Eisenhardt (assisté par le département Véhicules Spéciaux du groupe Ford), avait coûtée à Ford la « bagatelle » de près de 200 000 dollars (soit près de 1,6 millions de dollars actuels).

Rompant de manière radicale avec le style extravagant des modèles de la précédente génération (produite entre 1958 et 1960) et que beaucoup, au sein de la clientèle de la marque, avaient jugé excessif, les lignes de cette nouvelle Continental, aussi élégantes que sobres, dessinées par Elwood Engel, seront, elles, plébiscitées par le public que, même si elle connaîtrait plusieurs liftings durant sa carrière, cette génération se maintiendra au catalogue jusqu’à la fin de la décennie.

Comme cela avait été le cas pour la Lincoln « Sunshine Special » du président Roosevelt, cette nouvelle Continental n’était toutefois la propriété de la Maison Blanche mais restait celle de la Ford Motor Company, qui la louait aux Services Secrets pour un montant de 500 $ par an. (Une somme aussi modique que symbolique, car Ford savait que le bénéfice qu’il en tirerait en termes de publicité et dont bénéficierait la Lincoln Continental de série lui serait largement profitable). Il s’agissait alors de la voiture présidentielle la plus sophistiquée qui ait jamais été construite. Sous son capot avait été installé un V8 de 430 ci, entièrement monté à la main, développant une puissance de 350 chevaux.

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Si, au moment de sa livraison à la Maison Blanche, la voiture avait été équipée à l’avant d’une calandre séparée en deux parties, sur toute sa longueur, par une épaisse moulure chromée et avec des phares placés dans des logements de forme hexagonale, ainsi que d’un pare-chocs avant à crosses, qui caractérisait le premier millésime (1961) de cette nouvelle Continental. Elle fut, par la suite, « modernisée » dès l’année suivante et reçue alors la face avant des Continental de l’année-modèle 1962, avec une nouvelle calandre décorée d’une moulure et d’un grillage plus fin, avec des phares entièrement intégrés dans la calandre et d’un pare-chocs avant sans crosses.

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Cette imposante Lincoln bénéficiait, notamment, d’un système d’air conditionné fort perfectionné, une paire de radiotéléphones, un extincteur, une trousse de premiers soins et une sirène-avertisseur. Des marchepieds et des poignées de maintien escamotables avaient également été aménagées dans le pare-chocs et sur le coffre à l’arrière pour les agents des Services Secrets attachés à la protection du président. Parmi les équipements de « confort » destinés à l’usage du président figurait aussi un système hydraulique permettant de surélever la banquette arrière de 28 cm afin que le président puisse être mieux vu de la foule.

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Parmi les équipements spéciaux dont bénéficiait la X-100 (son nom de code au sein des Services secrets), le plus visible était néanmoins le système de toits amovibles constitués de plusieurs ensembles distincts qui pouvaient être monté soit ensemble ou indépendamment les uns des autres. (Avec une première partie arrière s’apparentant à celle d’une limousine classique, avec un toit peint en noir mat et une vitre de custode de taille réduite, qui était montée lors des déplacements et qui couvrait toute la partie arrière de la voiture et permettait ainsi de préserver l’intimité de ses occupants. Les places avant, celles qu’occupaient le chauffeur et de l’aide de camp, elles, étaient surmonté d’un toit vitré amovible. Lors des déplacements officiels et autres défilés, la voiture était alors équipée des autres éléments du dispositif, qui se composaient d’une plaque vitrée au-dessus des sièges de la seconde rangée et, couvrant les places destinées à accueillir le président et la first lady, un ensemble entièrement vitrée formant une « bulle » qui rappelait celle de l’ancienne « Bubble-top » mais aux formes plus « anguleuses » et composé, lui, de trois éléments assemblés entre des montants chromés.

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Une autre Lincoln Continental fut commandée par la Maison Blanche en 1962, destinée à l’usage de l’épouse du président, Jacqueline Kennedy. Si celle-ci était, elle aussi, équipée d’un toit entièrement vitré, celui-ci était constitué d’une seule et unique pièce qui allait de la jonction entre les portières avant et arrière et descendait jusqu’à l’aplomb du coffre. Elle fut aussi utilisée par Lyndon Johnson – alors vice-président de Kennedy – et, par la suite, par les vice-présidents Hubert Humphrey et Spiro Agnew,, avant d’être retirée des services de la présidence en 1970. Pour ses déplacements privés, le président, de son côté, utilisait une limousine Cadillac de 1961, qu’il avait commandé juste après son accession à la présidence.

Lors des défilés et autres déplacements officiels, la Lincoln Continental « X-100 » pouvait aussi être laissée en mode « décapotable », c’est à dire sans qu’aucun des éléments du toit amovible ne soit installé, à l’avant ou à l’arrière. Ce sera la solution qui sera choisie par le président Kennedy lors de son voyage à Dallas, le 22 novembre 1963 qui devait constituée la première étape d’une tournée de préparation à la prochaine campagne présidentielle (qui devait débutée au début du printemps 1964) en vue de sa réélection.

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Contre l’avis des services de sécurité, Kennedy avait insisté pour que, lors la première étape de son voyage à Dallas, avec le défilé à travers les rues de la ville, la voiture présidentielle soit mise en mode « décapotable », à cause de la chaleur qui régnait alors au Texas et parce que, en dépit du fait que la climatisation était équipée de l’un des systèmes les plus perfectionnés qui existait à l’époque, celle-ci ne se révélait guère efficace face aux fortes chaleurs du Sud. Un choix malheureux et même fort funeste qui facilitera grandement la tâche du (ou des) assassin(s), tout comme la demande formulée par le président au cours du trajet pour que la voiture roule à faible allure afin de pouvoir être mieux vu de la foule et de pouvoir salué le grand nombre de personnes qui s’étaient amassées le long du trajet. A deux reprises, le président fit même arrêter le convoi afin de pouvoir serrer les mains aux personnes qui l’acclamaient. De plus, il n’avait pas tenu compte des recommandations des responsables des services Secrets ainsi que des agents attachés à sa protection rapprochée qui lui avaient recommandé de placer plusieurs de leurs hommes sur les plateformes à l’arrière de la voiture, afin que ces derniers puissent intervenir en cas de tentative d’assassinat ou d’accident grave. Autant de choix qui permettent d’affirmer que, à certains égards, le président John Kennedy lui-même porte une certaine part de responsabilité dans sa mort.

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Cet assassinat fut, à ce jour, le dernier d’un président américain (mais pas la dernière tentative d’assassinat) et reste, aujourd’hui encore, gravé dans toutes les mémoires, y compris en dehors des Etats-Unis ou pour ceux des Américains qui étaient trop jeunes ou même qui n’étaient pas encore nés à l’époque. En tout cas, cet assassinat fera « jurisprudence » et modifiera profondément et radicalement les procédures en vigueur au sein des Services Secrets pour les déplacements, aussi bien officiels que privés des présidents américains. L’un de ces changements majeurs est qu’il était désormais inenvisageable et même absolument exclu que le président voyage à bord d’une voiture décapotable ou qui ne soit pas équipée d’un blindage couvrant l’ensemble de sa carrosserie (y compris, donc, le toit ainsi que l’ensemble des vitres).

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Après l’attentat, la voiture fut ramenée à Washington, la voiture fut inspectée, dans les garages de la Maison Blanche, par les membres des Services Secrets ainsi que par les agents du FBI, qui la photographièrent sous tous les angles et en fouillèrent l’intérieur à la recherche de preuves éventuelles. Une fois ceci terminé, la voiture fut soigneusement nettoyée de fond en comble, les Services Secrets prenant toutefois soin, avant cela, de faire enlever et de conserver soigneusement, en l’état, le siège sur lequel Kennedy avait rendu l’âme.

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A la fin du mois de décembre 1963, la Lincoln fut renvoyée chez Hess & Eisenhardt, dans les ateliers où elle avait été construite, pour être intégralement réaménagée et reconstruite. Si le toit de la limousine était toujours entièrement vitré, il était maintenant entièrement fixe et, bien évidemment, équipé de vitres plus épaisses et entièrement à l’épreuve des balles. (Cette nouvelle enceinte en verre fixe, composée de treize pièces, dont l’épaisseur du verre variait de 25 à 46 mm) qui remplaçait les toits amovibles coûta, à elle seule, pas moins de 125 000 $). L’élément composant la lunette arrière était d’ailleurs la plus grande pièce en verre pare-balles de forme courbe qui avait jamais été faite à l’époque. La carrosserie, de son côté, fut équipée d’un blindage en alliage de titane (Ce nouveau blindage représentant un surcroît de 730 kilos sur la balance) Elle fut repeinte en noir, équipée d’un moteur plus puissant (afin de pallier au surpoids dû à l’ajout d’un blindage supplémentaire) et des pneus qui étaient maintenant eux aussi à l’épreuve des balles. Le réservoir a lui aussi été équipée d’un système de protection, consistant en un revêtement de mousse poreuse qui permettait de contenir les déversements de carburant si le réservoir venait à être endommagé par une explosion ou par des tirs d’arme à feu. Une refonte intégrale dont le montant atteignit au total 500 000 $. En 1967, la Lincoln (qui avait conservé son nom de code X-100) fut à nouveau modifiée et équipée d’un nouveau système de climatisation plus performant, des vitres amovibles sur les portières arrière (Elles avaient, elles aussi, été rendues fixes après l’attentat de Dallas).

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Même si, après le départ de Lyndon Johnson, la Lincoln « X-100 » ne fut plus guère utilisée par les
autres présidents qui se succédèrent à la Maison Blanche et fut alors remplacée par de nouvelles
voitures, elles aussi, construites spécialement à l’attention des nouveaux présidents, elle restera
pourtant en service durant encore près de dix ans. Ce n’est qu’après l’entrée en fonction de Jimmy
Carter, en 1977, qu’elle fut finalement mise à la retraite. Comme les autres Lincoln créées à
l’attention de Roosevelt et Truman, la Lincoln Continental du président Kennedy rejoignit alors les
collections du Musée Henry Ford, où elle est toujours exposée aujourd’hui.

Philippe Roche

Photos droits réservés

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