R17 GORDINI Groupe 2, le coupé populaire de compétition
Avec l’arrivée de la R17, un coupé au design original vendu à un tarif accessible,
 Renault comble un vide dans sa gamme et peut profiter à son tour du boom des
 coupés populaires qui régnait à cette époque-là. Le succès commercial sera
 disons… tout au plus honnête. La mode du custom et des kits de personnalisation parfois hasardeux, façon volant en moumoute ou chien avec la tête qui oscille sur la plage arrière, aura raison de la R17 dont l’image de voiture de « beauf » lui collera longtemps aux basques. Ayant besoin d’arguments de vente, la régie confie la R17 à Hubert Melo, qui a déjà travaillé sur le R12 Gordini, dont la mission sera de métamorphoser le petit coupé de « monsieur tout le monde » en véritable bête de course.

 Les années 70 représentent une période charnière pour le service compétition
 Renault alors en pleine mutation. A cette époque-là, la marque au Losange est
 présente sur tous les fronts : le rallye bien sûr, l’endurance avec une victoire aux 24
 Heures du Mans en ligne de mire sans oublier la F1 encore en gestation. L’activité
 est centralisée à Dieppe où le nouvel atelier remplacera à terme celui d’Alpine où
 étaient développés les prototypes du Mans et celui du quai du Point du jour à
 Boulogne Billancourt où se trouve encore le service Hubert Melo en charge des R12
 et R17 Gordini.



 C’est à Boulogne Billancourt justement que Jacky Privé, tout juste auréolé de sa
 victoire lors du tout premier « Côte d’Ivoire – Côte d’Azur », prend livraison début
 1976 de la R17 Gordini Groupe 2 dont il vient de faire l’acquisition avec son ami
 Jacques Briy.






 Mise en circulation en 74, la R17 immatriculée 7786 DW 92 est une des 14 voitures
 usine produites. Encore de nos jours, on ignore si elle a été engagée sous la
 bannière officielle sur la période 74 à 76, ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’une des
 dernières R17 Gordini assemblée, à ce titre elle est particulièrement aboutie et dotée
 d’équipements et d’évolutions dont ses devancières ne disposaient pas encore
 comme la direction assistée ainsi qu’un gros réservoir type aviation situé à l’arrière et
 dont la trappe de remplissage d’essence se trouve au beau milieu du coffre.
 Jacky Privé prendra part à quelques rallyes du championnat du monde au volant de
 la R17, à commencer par le très cassant East African Safari où il sera disqualifié,
 puis le Rallye du Maroc copiloté par Tilbert avec une 6ième place à la clef et pour
 finir l’impitoyable rallye du Bandama qui se soldera à nouveau par un abandon. La
 dernière épreuve de Jacques Privé avec la R17 sera la Ronde de Chamonix 77
 associé à Guy Chasseuil.




 Début 1977, Roland de Libran qui vient de se séparer de son Alpine A110 est à la
 recherche de la monture idéale pour s’aligner dans les plus grands rallyes sur terre.
 Son mécanicien Henri Gros, qui ne jure que par Renault, l’incite à se porter
 acquéreur d’une R17 dont la solidité et la robustesse ne sont plus à démontrer.
 Roland de Libran et Henri se rendent donc chez Renault sport à Boulogne Billancourt
 où Renault leur propose les deux dernières voitures disponibles dont l’une d’entre
 elles n’est autre que l’ancienne voiture de Jacky Privé. Henri arrête son choix sur
 cette dernière ainsi que sur un stock de pièces qui lui permettront d’en assurer
 l’assistance et l’entretien. Quelques jours plus tard Roland de Libran est au départ du
 Rallye du Portugal au volant la R17. Malheureusement, Roland connaîtra une
 première déconvenue à son volant en décollant sur un rond-point éventrant le
 dessous de la Renault. Henri Gros effectuera les réparations sur place. Cette
 cicatrice si particulière, toujours visible de nos jours, servira des années plus tard à
 authentifier la voiture. Le Rallye de l’Acropole se déroulera sous de meilleures
 auspices, où associé à Jean-François Vial, Roland de Libran terminera 10ième au
 général. Sur la base militaire de Canjuers, ce dernier sera une nouvelle fois contraint
 à l’abandon. Le Rallye des 1000 Pistes marquera sa dernière participation au volant
 la R17. N’ayant pas l’âme d’un collectionneur, il se sépare de la R17 à la fin de la
 saison 1977. Il la revend à Bernard Bergerioux alors concessionnaire Renault sur
 Salon de Provence, moyennant une reprise de sa R17 contre quelques véhicules de
 série pour renouveler sa flotte de voitures de société. Confiée à Alain Chabas, un
 ami de Bernard Bergerioux. la R17 débute alors une seconde carrière dans les
 rallyes nationaux et régionaux du sud-est de la France sous la bannière de l’écurie
 Bleue qui compte dans ses rangs un certain Jean-Louis Trintignant.




 L’année suivante, Claude Dauchy rentre en scène, pilote amateur et garagiste de
 métier, il se porte acquéreur de la R17. Claude l’engage dans les rallyes des
 alentours y compris le rallye des Milles Piste 1980 où il sera copiloté par Béatrice
 Decombis qui deviendra plus tard madame Dauchy (on comprend mieux pourquoi il
 a choisi cette livrée lorsqu’il a restauré la voiture trente ans plus tard). En février
 1981, Claude Dauchy sera contraint de revendre la R17 afin de pouvoir financer
 l’achat de son garage sur Salon de Provence, fin du premier épisode. Son nouveau
 propriétaire Christian Ross, participe à trois ou quatre rallyes avec avant de casser le
 moteur. Alors que la R17 semblait être vouée à partir à la casse , Claude Dauchy
 croise à nouveau son chemin. Il la rachète, remonte un 1600 à la place du 1800 cm3
 d’origine et s’engage avec au rallye d’Istres en 1982. Il la revend la même année à
 Claude Barboza qui travaille sur Dakar. Une fois au Sénégal , la voiture est revendue
 à Yvon Thomas, un pilote amateur doté d’un bon coup de volant qui peut se vanter
 d’avoir possédé pas mal de belles autos dont une Ligier JS2 et une Porsche RSR
 2.8. Sa connaissance du terrain lui vaudra même d’être intégré à l’équipe usine
 Citroën lors du Rallye du Sénégal 77. Puis, la R17 disparaîtra peu à peu dans l’oubli
 jusqu’à ce que Claude Dauchy se mette en tête de la retrouver. Après quasiment un
 an de recherche, c’est à Poitiers que Claude retrouve sa trace et s’en porte
 acquéreur pour la troisième fois ! La voiture est dans un piteux état mais complète.
 Mieux encore, elle a retrouvé ses ailes avant et son hayon arrière en alu, qu’elle
 avait perdue suite à un tonneau lors d’un rallye ainsi qu’un moteur Gordini 1774, des
 organes probablement prélevés sur une autre R17 Gordini qui appartenait aussi à
 Claude Barboza. Depuis Claude Dauchy l’a minutieusement restaurée et file le
 parfait amour avec cette rarissime R17 Gordini qu’il n’est pas prêt de revendre de
 sitôt.



 Henri Gros « Nous sommes parti à Senonches chercher un break Renault 12 4×4
 chez SINPAR, de là nous sommes partis quai du point du jour à Boulogne où nous
 avons récupéré la 17 avec quelques pièces de rechange. La voiture est partie par le
 train pour le Portugal et moi je suis rentré par la route avec la Renault 12.
 Au Rallye du Portugal, Roland de Libran est sorti de la route et a arraché un demi
 train. Du côté de Porto, il y a des plantations de pain avec de grandes lignes droites,
 à certains endroits, il y avait des carrefours avec des pierres sur champs qui
 dépassaient. C’était de nuit, ils n’avaient pas de bonnes notes et ils sont passés
 dessus, ça a arraché le triangle qui c’est complètement écrasé découpant le
 plancher entre les jambes du copilote. Nous avons réparé sur place et nous sommes
 rentrés par la route avec la voiture.

 Pour le Rallye de l’Acropole, nous sommes partis de Vernègues par la route, je
 conduisais la R17 et un collègue la R12. Nous sommes descendus jusque dans le
 sud de l’Italie à Ancône, puis nous avons pris le bateau pour Patras. A mi course,
 nous avons changé les deux biellettes de direction. Puis avant d’arriver à l’Acropole,
 pour ainsi dire à la fin de spéciale, Roland de Libran a crevé .Il s’est arrêté en sortie
 de spéciale pour changer la roue, les spectateurs ont soulevé la voiture, il a même
 pas eu à mettre le cric. Il a terminé 10ième au scratch. Cette voiture était pour ainsi
 dire incassable. Pour rentrer, nous avons fait le même chemin dans l’autre sens. En
 arrivant de nuit , à un kilomètre de la maison l’alternateur s’éclaire, le pont de diode
 de l’alternateur avait claqué et je suis rentré sur la batterie, c’est la seule chose où
 j’ai vraiment été surpris par la fiabilité de cette voiture.

R17 GORDINI
 Lors du Rallye des 1000 pistes, ils sont partis en l’air suite à une erreur de notes et la
 R17 est retombée lourdement. Le moteur s’est arrêté et ce fut l’abandon. Nous
 avons démonté le dessous du moteur, la pompe à huile avait éclaté. Renault Sport
 avait mis des butées sur les deux silent blocs moteur. Le choc a été tellement violent
 que les butées s’étaient tordues. Nous avons redressé les butées et changé la
 pompe à huile et le pignon d’entrainement. Lorsque l’on a remis le carter, le protège
 carter est tombé en face de toutes les vis ,rien n’avait bougé…..Incroyable ! »
 Alain Chabas « Cette R17 Gordini était un vrai régal, on sentait qu’elle était
 préparée par l’usine. Elle avait une tenue de route incroyable et un très bon rapport
 poids puissance. Elle patinait en sortie d’épingles où tu devais rester avec une
 vitesse supplémentaire. Il fallait bien doser à l‘accélérateur et se débrouiller pour être
 en seconde, si tu étais en première tu sortais plus. Cependant, il y avait des
 problèmes avec les cardans, c’est à cause de cela que nous avons abandonné lors
 de la Ronde de la Durance. Dommage, parce qu’avec une voiture comme celle-là, tu
 as qu’une envie, c’est d’aller jusqu’au bout tellement tu prends un pied
 abominable ! »



Texte et Photos Thierry Lesparre
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Rhooo : Le Rallye de l’Acropole se déroulera sous de meilleures
hospices,
Non : auspices!!!
Bien vu Thierry
Cette voiture est tout simplement magique! indestructible! et quelle « gueule »! magnifique!