CADILLAC ELDORADO (1979 – 2002) - Luxe américain au régime.
CADILLAC ELDORADO 1986 - 91

CADILLAC ELDORADO (1979 – 2002) – Luxe américain au régime.

Apparu pour la première fois en 1953 pour désigner la version haut de gamme de ses cabriolets, le nom d’Eldorado, sans doute l’un des plus célèbres dans l’histoire de la marque Cadillac, conservera cette fonction durant treize ans et six générations de modèles, jusqu’en 1966. C’est avec l’ apparition de la nouvelle Eldorado, un élégant et imposant coupé, qui devient le premier modèle de la marque équipé de la traction avant, que le modèle va cependant connaître son apogée. A l’image du reste de la production américaine, celle va voir ses lignes prendront une tournure de plus en plus baroque, en même temps que ses moteurs vont augmenter en cylindrée et en puissance. Une ascension qui va toutefois se voir brutalement stoppée par la première crise pétrolière qui éclate à l’automne 1973. L’Eldorado amorce alors une pente descendante, voyant sa puissance diminuer fortement et sa version cabriolet, à cause des nouvelles normes en matière de sécurité, obligée de quitter la scène à l’été 1976.

La première crise pétrolière, survenue à l’automne 1973, a donc fortement ébranlé l’industrie automobile américaine et eu des effets, si pas dévastateurs, en tout cas profonds et durables sur les productions des constructeurs de Detroit. Face à ce nouveau contexte économique pour le moins sombre et incertain, leurs bureaux d’études furent obligés d’entamer l’étude de modèles plus compacts, en s’inspirant (souvent de manière assez maladroite) de ce qui se faisait chez les constructeurs japonais et européens.

Dans l’immédiat, ils durent aussi faire entamer une cure d’amaigrissement, parfois drastique, à la plupart des modèles existants. L’Eldorado, l’un des modèles les plus emblématiques de la marque Cadillac à l’époque, n’échappa pas à ce régime forcé. Celle-ci vit ainsi sa cylindrée et sa puissance, passant de 8,1 litres et 400 ch en 1970 à 6,9 litres et 195 ch en 1977.

La mode consistant à se livrer une bataille entre constructeurs pour proposer un modèle toujours plus grand et plus puissant que celui du concurrent ou que le modèle précédent n’a donc, désormais, plus cours. Si les voitures américaines, en tout cas pour les modèles de luxe et de grand tourisme, conservent des lignes toujours aussi baroques et un équipement pléthorique, elles sont désormais de dimensions plus réduites, moins puissantes mais aussi plus légères et moins gourmandes en carburant que leurs devancières. Le succès de la Seville (qui, bien qu’étant la moins grande des Cadillac était le plus cher des modèles de la gamme) ayant prouvé que l’automobiliste américain ne cherchait plus nécessairement à posséder la voiture la plus grande.

CADILLAC ELDORADO (1979 – 2002) - Luxe américain au régime.

La présentation de la nouvelle génération de l’Eldorado (la neuvième du nom), en 1979, apportant une nouvelle preuve que la suprématie des paquebots sur quatre roues est bel et bien révolue. Si les lignes du nouveau modèle s’inspirent étroitement de celle qu’elle remplace, elle n’en est cependant plus que version réduite à l’échelle deux tiers (5,20 mètres contre 5,70 m la génération précédente). A cette date, l’Eldorado n’est, en effet, plus que la version coupé de la Seville (le cabriolet ayant disparu du catalogue, à cause des nouvelles normes en matière de sécurité, en 1976). Elle partage d’ailleurs sa plate-forme avec les nouvelles générations de la Buick Riviera et de l’Oldsmobile Toronado, qui ont vus, eux aussi, leur taille réduire. Outre le V8 5,7 litres de 170 ch emprunté à la Seville, elle peut aussi recevoir, en option, une version de ce même moteur fonctionnant au diesel et fournissant la maigre puissance de 125 ch (lesquels sont un peu à la peine pour mouvoir dignement ce coupé « compact » qui pèse tout de même encore plus de 1,7 tonne à vide).

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La gamme de moteurs proposée sur l’Eldorado étant calquée sur celle de la Seville, à partir de 1981, celle-ci se voit aussi dotée du V8 6 litres équipé du système 8-6-4, qui permettait de couper l’alimentation de deux ou quatre des huit cylindres du moteur, dans le but de faire baisser la consommation. Une idée qui paraissait intéressante sur le papier mais qui ne s’avérera malheureusement guère fiable. Dans un même souci d’économies en carburant, un V6 4,1 litres, qui ne s’avérera toutefois guère mieux en terme de fiabilité. Tout comme le V8 de même cylindrée qui viendra les remplacer dès 1982.

L’année 1984 est une grande date dans l’ histoire de l’Eldorado, puisqu’elle voit le retour du cabriolet, baptisé Biarritz. Un retour que les amateurs de l’ancienne génération de l’Eldorado salueront avec bonheur, mais qui ne sera toutefois qu’éphémère, puisque ce modèle sera supprimé à peine un an plus tard. Seulement 3 000 exemplaires environ en ont été produits.

Avant cela, et pour tenter de pallier la disparition du cabriolet au milieu des années 70, Cadillac avait proposé une version « targa » du coupé Eldorado. Celle-ci était équipée d’un toit dont la partie située au-dessus des sièges avant pouvait être démontée (la lunette arrière ainsi que les vitres de custode restant fixes), s’inspirant de ce qui était pratiqué par plusieurs constructeurs européens comme Porsche sur la 911). En parallèle, et pour satisfaire ceux qui souhaitaient une voiture entièrement découvrable, des carrossiers indépendants, comme Custom Coach ou Hess & Eisenhardt, ont proposé des versions décapotables de l’Eldorado (ainsi que de ses cousines, la Buick Riviera et l’Oldsmobile Toronado).

1985, la dernière année de production de cette génération, sera marquée par le lancement d’un package d’options baptisé « Commemorative Edition », qui se caractérisait par une carrosserie et un intérieur entièrement garni de cuir (disponible en blanc ou bleu foncé ou bien dans les deux tons), cette dernière couleur habillant aussi le tableau de bord et la moquette de l’habitacle.

Avec un peu plus de 77 000 exemplaires vendus, cette Eldorado sera l’une des générations les mieux vendues du modèle.

Après le deuxième choc pétrolier de 1979-1980 et une étude prospective indiquant un enchérissement du prix de l’essence, les dirigeants de Cadillac demandent le développement de modèles encore plus petits que les Séville et Eldorado qui viennent de sortir. Ce deuxième programme de réduction des dimensions débouche sur les nouvelles DeVille/Fleetwood lancées au printemps 1984 puis sur le duo Séville/Eldorado présenté à l’automne 1985 comme modèles 1986.

Les deux voitures sont en effet établies sur la nouvelle plateforme E qu’elles partagent avec l’Oldsmobile Toronado et la Buick Riviera (même si, techniquement, la Séville utilise la plateforme de type K à quatre portières). La nouvelle Eldorado apparaît ainsi comme la version coupé de la berline Séville.

Plus que le style, c’est le caractère même de l’Eldorado qui change. Sous la direction de Wayne Kady, les dessinateurs font leurs propositions pour la nouvelle Eldorado dès le mois de mars 1981. La difficulté est de maintenir les caractéristiques habituelles de style des Eldorado précédentes ; la portière avant est quasiment collée contre le passage de roue avant, un montant central sépare la vitre de portière et celle de custode et la voiture arbore des lignes trop arrondies. Malgré l’opposition de tous les stylistes, le directeur général de la marque maintient le cap, mais les dessinateurs ont du mal à apposer le nom Eldorado sur l’aile avant de la voiture.

Au niveau du moteur, les ingénieurs ne sont pas mieux lotis. Les premières directives exigent un V6 … et des études initiales projettent même un moteur à quatre cylindres ! Finalement, les études de marché obligent à réétudier l’installation d’un V8, mais la place disponible étant trop limitée sous le capot, le moteur doit être placé en position transversale.

CADILLAC ELDORADO (1979 – 2002) - Luxe américain au régime.
CADILLAC ELDORADO 1986 – 91

Établie sur un empattement de 2,75 mètres, la voiture mesure 4,78 m (40 cm de moins que le modèle précédent) de long, 1,82 m de large et 1,37 m de haut. Les phares avant, en composite, sont affleurants ; le coefficient aérodynamique (Cx) est de 0,37. Elle pèse 1 540 kg (soit 260 kg de moins que le modèle précédent) et peut rouler à 180 km/h grâce à son moteur V8 « HT4100 » de 4,1 litres développant 132 ch à 4 200 tr/min.

Malgré la réduction de longueur de 15 cm de l’empattement, le volume intérieur de l’habitacle reste le même. L’habitacle voit le levier de sélection de la boîte de vitesses passer sur la console centrale.

La nouvelle Eldorado est affichée à 24 251 $. Elle est fabriquée dans la seule usine de Hamtramck. Les ventes s’effondrent de plus des deux tiers avec une production qui n’atteint que 21 342 exemplaires. Les acheteurs boudent cette Eldorado qui ne mesure même pas 200 pouces (5,08 m) de long, et les gens dans la rue doivent y regarder à deux fois pour s’assurer que c’est bien une Cadillac.

CADILLAC ELDORADO (1979 – 2002) - Luxe américain au régime.
CADILLAC ELDORADO 1992 – 94

Pour 1987, l’Eldorado ne reçoit que des ajustements mineurs de suspension. Le prix est baissé à 23 740 $ et une version Biarritz à toit en vinyle sur la partie arrière est de nouveau proposée.

Mais les ventes s’effondrent encore pour n’atteindre plus que 17 775 exemplaires. L’échec est patent. Cadillac Eldorado 1988 Dès 1986, Chuck Jordan demande à Wayne Kady de corriger le style de l’Eldorado pour 1988. Mais les modifications ne sont permises qu’avec un budget restreint et la structure de la voiture doit être conservée. Les stylistes retravaillent d’abord l’arrière, en allongeant les ailes de 7,5 cm et en redonnant aux feux et au pare-chocs arrière un style proche de ceux du modèle précédent. Puis la face avant est modifiée afin de redonner du caractère à la voiture. Le capot récupère une bosse centrale plus prononcée que les stylistes désignent sous le nom de « Power Dome », les ailes sont redessinées et la calandre est changée.

La longueur de la voiture atteint désormais 4,86 m et sa largeur 1,84 m. Le poids est en légère augmentation, à 1 570 kg. Au niveau de la mécanique, les freins sont améliorés et le moteur est réalésé à 4,5 litres ; sa puissance est maintenant de 155 ch. Le restylage permet de voir les ventes remonter à 33 210 exemplaires. La voiture coûte 24 891 $. Elle est importée en France où elle est proposée à 290 000 F avec une puissance fiscale de 19 CV. En 1989, le moteur est poussé à 180 ch grâce à une augmentation du taux de compression et un nouveau collecteur d’admission. Le prix monte désormais à 26 738 $ (343 700 F en France) et la production atteint 35 385 exemplaires. Pour 1990, Cadillac réintroduit une version « Touring Coupe ». Elle se distingue par le déchromage de son accastillage, ses jantes de 16 pouces en aluminium chaussées de pneus de 215 et son blason Cadillac entouré de sa couronne de laurier placé sur la grille de calandre.

Malgré ce nouveau choix, la production recule à 29 161 exemplaires. Pour 1991, sa dernière année, la plus mal aimée des Eldorado voit la cylindrée de son moteur passer à 4,9 litres, ce qui lui assure une puissance de 204 ch. La production baisse encore et atteint 22 048 exemplaires seulement.

Après lui avoir fait subir une cure d’amaigrissement plutôt drastique, passant de 5,70 mètres au début des années 70 à 5,20 m en 1979 puis à 4,86 m en 1986, Cadillac décide donc, pour le lancement de la onzième génération, en 1992, de redonner un peu de lustre à celle qui est restée, malgré les crises qu’elle a traversé, l’un de ses modèles les plus emblématiques.

Bien que conservant que le même empattement que sa devancière (2,70 m), la nouvelle Eldorado voit ainsi sa longueur passée, par l’allongement des portes-à-faux, à 5,14 m. Comme pour la génération précédente, son style restait fortement inspiré de celui de la Seville.

De toutes les générations de l’Eldorado, ce sera celle qui connaîtra la carrière la plus longue, mais aussi (paradoxalement) le moins de changements durant celle-ci.

D’abord équipée, à son lancement, du V8 4,9 litres de 200 ch que sa devancière avait reçu à la toute fin de sa carrière, en 1991, ce dernier sera toutefois rapidement remplacé, dès l’année suivante, par un V8 de nouvelle génération, le célèbre Northstar (considéré par beaucoup comme le meilleur V8 de l’époque !) qu’a inauguré la nouvelle Seville. Fort de ses 270 ch et 295 ch (il était proposé en deux variantes), celui-ci va permettre à l’Eldorado d’afficher des performances en hausse. Tout comme ses ventes d’ ailleurs, même si celles-ci n’atteindront cependant pas le record qu’avait connu la neuvième génération, produite entre 1979 et 85.

Les seuls changements notables que l’Eldorado connaîtra au cours de sa carrière seront de nouveaux pare-chocs, plus épais et abandonnant ses moulures chromées, et une calandre redessinée en 1995, ainsi qu’un intérieur remanié l’année suivante.

Après l’arrêt de la production de la Buick Riviera en 1998, avec qui elle partageait la même plate-forme, les rumeurs sur la fin de celle de l’Eldorado ont alors commencé à circuler. General Motors avait bien présenté, au Salon de l’Automobile de Detroit en 2000, un concept-car qui reprenait le nom de l’Eldorado et qui devait, vraisemblablement, annoncer la future génération du modèle. Le manque d’intérêt suscité par celui-ci auprès du public comme des médias ayant, semble-t-il, achevé de décider la direction de GM de mettre fin à la production de l’Eldorado, sans lui donner de remplaçante.

Il est vrai qu’ avec la mise en chantier de la nouvelle génération de Cadillac, dont le premier d’entres-eux, la berline compacte CTS, fit son apparition au moment même où l’Eldorado quittait la scène, les responsables de la marque avaient maintenant d’autres priorités. Le déclin de ce genre de modèles, en termes de chiffres de ventres (à l’image de ce que connaissaient d’ailleurs les autres coupés de grand tourisme comme la Buick Riviera ou la Lincoln Mark VIII), face à leurs concurrentes européennes ou japonaises ayant décidé les constructeurs américains à se retirer, en grande partie, de ce marché.

CADILLAC ELDORADO (1979 – 2002) - Luxe américain au régime.
CADILLAC ELDORADO 1995 – 2002

Les 1 596 derniers exemplaires de l’Eldorado, vendus comme modèles du millésime 2003 (pour commémorer les cinquante ans de la première Eldorado) furent vendus sous la forme d’une série limitée baptisée (logiquement) 50th Anniversary. Elles étaient disponibles uniquement en blanc ou en rouge (les couleurs proposées sur l’Eldorado de 1953). Les deux ultimes exemplaires construits allèrent, l’un, au célèbre joaillier Nicola Bulgari, et l’autre au musée de la marque.

CADILLAC ELDORADO (1979 – 2002) - Luxe américain au régime.
CADILLAC ELDORADO 1995 – 2002

Le vide laissé, au sein de la gamme Cadillac, par la disparition de l’Eldorado, sera toutefois rapidement comblé par le coupé-cabriolet XLR, lancé en 2003. Ce dernier ne connaîtra toutefois pas le même succès que celle qu’elle était censée remplacer.

Maxime DUBREUIL

Photos Wheelsage

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En vidéo https://www.youtube.com/watch?v=rm3GMVDrJVY&ab_channel=OldCarMemories.com

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